STUMPTOWN #1
Scénario: Greg Rucka
Dessins: Matthew Southworth
Enfin du nouveau sur le front des comics, et pas n'importe quoi.
Greg Rucka retrouve Oni Press, son éditeur de "Whiteout" et "Queen & Country", pour une nouvelle BD qui amorce un retour aux sources pour l'auteur à qui l'on doit, en collaboration avec le grand Ed Brubaker, ce que je considère comme la meilleure BD de DC de ces dix dernières années: Gotham Central.
Il n'existe en effet pour moi que trois scénaristes de BD capable de pondre des polars avec cet authentique feeling de "film noir": Ed Brubaker, Brian Bendis et Greg Rucka.
Bendis a maintes fois eu l'occasion de démontrer ce talent (Powers, Alias, Torso...) et Brubaker est connu pour sa BD indépendente "Criminal", mais ce que ce dernier avait réussi à accomplir avec Rucka dans Gotham Central n'a, à ma connaissance, aucun équivalent dans l'univers des comics. On aurait dit "NYPD Blue" ou l'un de ces romans de la série "87th Precinct" d'Ed McBain, transposé à Gotham City, et donc avec Batman et sa clique d'ennemis tordus jouant les figurants et autres guest stars.
On retrouve dans "Stumptown" deux caractéristiques du style de Rucka: sa propension à donner aux femmes le rôle principal de ses histoires, et une maitrise parfaite des codes du polar.
L'histoire débute par un procédé classique mais efficace: on découvre le personnage principal dans une situation qui semble désespérée, puis, par flashback, ce qui l'a amené jusque là. Etant donné que dans le cas de Dex, la détective privée dont Rucka a fait sa nouvelle héroïne, la situation en question est de se faire tirer dessus à bout portant, je ne pense pas que beaucoup de lecteurs résisteraient à l'envie de lire la suite de l'histoire.
On apprend alors que Dex est non seulement détective privée, mais qu'elle est aussi accro au jeu et qu'elle doit pourvoir aux besoins de son jeune frère légèrement attardé. Ses dettes de jeu lui vaudront d'être embauchée par la patronne du casino dont elle est redevable, pour retrouver la petite-fille de cette dernière, qui a disparue depuis quatre jours.
S'ensuivent alors une vingtaine de pages (sur 35 au total) dignes d'un scénario des frères Coen, durant lesquelles Dex se fait tour à tour tabasser, péter sa bagnole, recruter de force par un truand, tirer dessus et arrêter par les flics, tout ça pas forcément dans cet ordre...
Avec "Stumptown", Rucka nous fait grâce d'un bon gros polar emmené par une héroïne attachante, aidé en cela par un Matthew Southworth efficace aux dessins, son style étant très réminiscent de celui de Sean Philips (surtout à l'encrage), le comparse de... Brubaker sur "Criminal".
A conseiller sans hésitation à ceux qui ont aimé la série "Alias" de Bendis, ou les polars de Raymond Chandler, avec une femme à la place de Philip Marlowe...
Dessins: Matthew Southworth
Enfin du nouveau sur le front des comics, et pas n'importe quoi.
Greg Rucka retrouve Oni Press, son éditeur de "Whiteout" et "Queen & Country", pour une nouvelle BD qui amorce un retour aux sources pour l'auteur à qui l'on doit, en collaboration avec le grand Ed Brubaker, ce que je considère comme la meilleure BD de DC de ces dix dernières années: Gotham Central.
Il n'existe en effet pour moi que trois scénaristes de BD capable de pondre des polars avec cet authentique feeling de "film noir": Ed Brubaker, Brian Bendis et Greg Rucka.
Bendis a maintes fois eu l'occasion de démontrer ce talent (Powers, Alias, Torso...) et Brubaker est connu pour sa BD indépendente "Criminal", mais ce que ce dernier avait réussi à accomplir avec Rucka dans Gotham Central n'a, à ma connaissance, aucun équivalent dans l'univers des comics. On aurait dit "NYPD Blue" ou l'un de ces romans de la série "87th Precinct" d'Ed McBain, transposé à Gotham City, et donc avec Batman et sa clique d'ennemis tordus jouant les figurants et autres guest stars.
On retrouve dans "Stumptown" deux caractéristiques du style de Rucka: sa propension à donner aux femmes le rôle principal de ses histoires, et une maitrise parfaite des codes du polar.
L'histoire débute par un procédé classique mais efficace: on découvre le personnage principal dans une situation qui semble désespérée, puis, par flashback, ce qui l'a amené jusque là. Etant donné que dans le cas de Dex, la détective privée dont Rucka a fait sa nouvelle héroïne, la situation en question est de se faire tirer dessus à bout portant, je ne pense pas que beaucoup de lecteurs résisteraient à l'envie de lire la suite de l'histoire.
On apprend alors que Dex est non seulement détective privée, mais qu'elle est aussi accro au jeu et qu'elle doit pourvoir aux besoins de son jeune frère légèrement attardé. Ses dettes de jeu lui vaudront d'être embauchée par la patronne du casino dont elle est redevable, pour retrouver la petite-fille de cette dernière, qui a disparue depuis quatre jours.
S'ensuivent alors une vingtaine de pages (sur 35 au total) dignes d'un scénario des frères Coen, durant lesquelles Dex se fait tour à tour tabasser, péter sa bagnole, recruter de force par un truand, tirer dessus et arrêter par les flics, tout ça pas forcément dans cet ordre...
Avec "Stumptown", Rucka nous fait grâce d'un bon gros polar emmené par une héroïne attachante, aidé en cela par un Matthew Southworth efficace aux dessins, son style étant très réminiscent de celui de Sean Philips (surtout à l'encrage), le comparse de... Brubaker sur "Criminal".
A conseiller sans hésitation à ceux qui ont aimé la série "Alias" de Bendis, ou les polars de Raymond Chandler, avec une femme à la place de Philip Marlowe...