DEATH NOTE
Créé par: Tsugumi Ôba (scénario) & Takeshi Obata (dessins)
Réalisé par: Tetsuro Araki
Voici un article qui dévie franchement du principe de ce blog, puisque je vais vous parler d'un manga. Plus particulièrement d'un "anime".
Un pote est venu chez moi samedi soir et m'a parlé de DEATH NOTE avec un pitch qui m'a persuadé de jeter un coup d'oeil à cette série alors que ça doit bien faire 20 ans que je ne regarde plus de dessins animés. J'ai donc regardé le pilote dimanche et... je me suis fait les 37 épisodes en 4 jours... En VO (japonais) sous-titré en anglais, qui plus est ... C'est vous dire à quel point j'ai accroché. Certains d'entre vous connaissent peut-être déjà ce manga puisqu'il date d'au moins 3-4 ans mais, pour ma part, je ne l'ai découvert que cette semaine... Et j'ai pas regretté!
Dans le premier épisode, Light Yagami, un lycéen doté d'une intelligence au-dessus de la moyenne, découvre un carnet, le fameux Death Note, abandonné par un "Dieu de la Mort". Light découvre qu'il lui suffit d'inscrire le nom d'une personne dans ce carnet et d'en connaitre le visage pour provoquer instantanément sa mort par crise cardiaque ou par la cause de son choix. Il décide de se servir de ce pouvoir pour tuer des criminels, dans le but ultime de créer un monde utopique débarrassé du mal, sur lequel il régnerait tel un dieu. Les morts suspectes ne tardent néanmoins pas à attirer l'attention d'Interpol qui attribue l'enquête à un mystérieux investigateur dont personne ne connait le visage ni le nom (il se fait juste appeler "L") mais qui n'a jamais échoué à résoudre un mystère.
Partant d'un prémisse surnaturel, DEATH NOTE se regarde et s'apprécie en fait comme une formidable enquête policière dans laquelle les deux protagonistes principaux se livrent à un jeu du chat et de la souris d'une complexité rare, échangeant leurs rôles et se surpassant constamment l'un l'autre au jeu du plus malin.
Les quelques 20 premiers épisodes sont tout juste magistralement écrits. Light et "L" sont réminiscents des duels Holmes/Moriarty ou encore Pacino/DeNiro dans HEAT. La tension que dégage chaque confrontation entre ces deux-là est comparable aux meilleurs moments de 24 (24 Heures Chrono) mais sans avoir besoin de scènes d'action pour vous scotcher à votre écran. DEATH NOTE est une confirmation de plus que le scénario est l'attrait principal d'une oeuvre de fiction. Moi qui me plaint constamment que des séries comme MAD MEN soient chiantes au possible, je me suis surpris à me régaler devant cette histoire dont pratiquement chaque scène (allez, je dirais... 90% du total?) n'est constitué que de dialogues (et le japonais sous-titré en anglais, par moments, c'est pas du sushi, c'est moi qui vous le dis!).
Les épisodes suivants sentent un peu "l'élongation", comme si l'histoire complète était censée être beaucoup plus courte mais se voyait rallongée par des intrigues imaginées un peu trop hâtivement afin de faire durer le plaisir. Un plaisir que je n'ai néanmoins pas boudé car bien que le ton général soit un peu plombé par quelques tentatives malencontreuses d'injecter un peu d'humour à la série, les morceaux de bravoures reviennent régulièrement dans des scénarios un peu moins sophistiqués qu'au début mais toujours aussi distrayants.
Bien entendu, certains ne manqueront pas (surtout en France ) de chercher des métaphores et autres allégories sur la peine de mort dans ce manga. Bien que, pour moi, l'intérêt principal de DEATH NOTE se situe dans sa formidable intrigue policière, j'avoue que le thème, et la façon dont il est abordé dans cette fable, peut constituer un intéressant sujet de débat.
Si vous voulez connaitre mon avis sur la question, sachez tout d'abords que je suis issu d'un pays qui s'est livré pendant 4 ans à un auto-génocide ayant fait entre 1 et 2 millions de morts (aucun chiffre officiel n'existe) et dont le principal responsable est tranquillement décécé de vieillesse dans son lit... Ca vous donne peut-être une idée de mon opinion sur la peine de mort mais si vous pensez ce que je crois que vous pensez, sachez qu'il n'en est rien, je suis (après des années d'auto-tergiversation) finalement contre. Pas pour des raisons morales, ni religieuses, ni même politiques mais pour deux raisons principales: 1) Au-delà des idées de vengeance ou de pardon, la chose la plus importante pour moi est "tout simplement" de comprendre. Tous les criminels existant ou ayant existé, aussi monstrueux qu'ils aient pu être, ne sont rien de plus que des êtres humains et je pense que notre principal devoir en tant que société n'est ni de les punir, ni de s'en débarasser mais d'essayer à tout prix de savoir comment un homme peut devenir un Hitler, un Bin Laden, ou in Pol Pot; et 2) Je pense sincèrement que la pire erreur que puisse faire toute personne se targuant d'être quelqu'un de "décent" est de s'abaisser au niveau de ce qu'il hait. Je suis contre la peine de mort, non pas pour préserver la vie de gens dont l'existence ne m'inspire que du mépris, mais pour préserver MA propre vie.
Peut-être est-ce pour cela que j'ai tant apprécié DEATH NOTE dont le personnage principal débute son tragique périple avec la plus louable des intentions (créer un monde meilleur) mais finit par être totalement corrompu par le pouvoir de donner la mort en toute impunité. Par amour pour son prochain, Light se mue au final en un être rempli de haine qui finit sa course dans un éternel purgatoire.
Moi, par contre, j'ai passé un excellent moment à suivre ce funeste voyage, jalloné par des moments de pure brilliance scénaristique.
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BLOG NOTE: je viens de constater que mon blogroll est complètement vide. A tous mes potes blogueurs et blogueuses: je vous fais pas la gueule, c'est apparemment le widget dont je me servais (Feedflash) qui déconne complètement (pour une fois que c'est pas Overblog ). Donc, dès que j'aurais le temps, je me pencherai sur la question.