JUSTIFIED
Produit par: Graham Yost
Avec: Timothy Olyphant, Joelle Carter, Nick Searcy, Walton Goggins
FX, berceau de séries telles que "The Shield", "Nip/Tuck", "Damages" et "Sons of Anarchy", a accouché avant-hier de sa petite dernière. Produite par Graham Yost (qui bosse également sur "The Pacific" et qui a produit, par le passé, du bon comme "From the Earth to the Moon" et du moins bon comme "Boomtown"), "Justified" met en scène un personnage créé par Elmore Leonard. Si vous n'avez jamais lu de bouquins d'Elmore Leonard, vous en avez peut-être vu des adaptations: "Out of Sight" de Steven Soderbergh, "Get Shorty" de Barry Sonnenfeld, ou encore le "Jackie Brown" de Tarantino sont tous tirés de romans de Leonard. Et si vous avez vu les trois films sus-mentionnés, vous avez peut-être une idée de la "griffe" de cet écrivain. Leonard est surtout connu pour ses personnages cools (voir Travolta dans "Get Shorty") et ses dialogues acérés. Les histoires passent presque au second plan, au profit d'études de caractères de leurs protagonistes.
"Justified" honore la tradition en nous offrant en guise de héros une espèce de relique du Far West, incarné par un Timothy Olyphant qui n'a pas eu trop de mal à se glisser dans la peau du personnage puisque c'est lui qui jouait le rôle principal de "Deadwood".
Dans "Justified", Olyphant interprète Raylan Givens, un Marshall réassigné de Miami à son patelin d'enfance au Kentucky après avoir été un peu trop prompt à titiller la gachette de son flingue. La première affaire qu'il aura à gérer une fois de retour au pays sera de faire arrêter l'un de ses vieux amis qui a eu la truculente idée de devenir néo-nazi en grandissant.
Le pilote de "Justified" est directement adapté d'une nouvelle d'Elmore Leonard, "Fire in the Hole", et comme l'on pouvait s'y attendre, les ingrédients purement Leonardien sont au rendez-vous. Aucun mystère à élucider, pas de scènes d'action spectaculaires, à part une gentille petite fusillade, "Justified" privilégie plutôt les scènes de tension et son attrait réside presque exclusivement dans la confrontation des personnages.
J'ai toujours pensé que le casting était le "make or break" d'une série télé. Est-ce qu'une série comme "Columbo", par exemple, aurait eu une telle longévité sans la présence hyper attachante d'un gars comme Peter Falk? Les histoires sont toutes les mêmes (si), pourtant la série s'étale sur plus d'une vingtaine d'années (si, elles sont toutes les mêmes!) A l'inverse, une série comme "Brooklyn South" avait tout ce qui faut pour atteindre le rang d'un "NYPD Blue" ou d'un "Homicide", sauf... le casting, composé principalement de seconds couteaux insipides qui n'auraient jamais dû se taper des premiers rôles.
Pour "Justified" (oui, le paragraphe précédent n'était pas qu'une pure digression), Graham Yost a plutot assuré dans le choix de ses acteurs. Tim Olyphant a bienheureusement renoncé à nous refaire la pâlote imitation de Clint Eastwood dont il nous avait gratifié dans "Deadwood" et Walt Goggins s'amuse comme un dingue à accentuer les traits de péquenaud que l'on adorait détester dans son personnage de Shane Vendrell dans "The Shield". Les face-à-face entre les deux acteurs sont presque aussi jouissifs que ceux entre Travolta et Nic Cage dans "Face/Off", l'adrénaline en moins.
"Justified" joue également la carte du dépaysement mais de manière un peu détournée. Si vous regardez la série en V.O., rien que l'accent des personnages (Goggins évite de peu le cabotinage grâce à ses origines sudistes) vous fera plonger dans un bain de plouquerie typique de films comme "Mississippi Burning". Heureusement, ce n'est pas au principe éculé du "citadin dans la cambrousse" auquel on a droit ici. Raylan Givens a beau débarquer de Miami, c'est tout de même un enfant du pays qui s'y sent aussi à l'aise que Magnum à Hawaii, bien que certains démons (son père que l'on ne voit pas encore mais dont une scène montre très brièvement la haine qu'il engendre chez Givens, sa femme qui s'est remariée,...) l'ait empêché de vouloir revenir avant d'y être obligé professionnellement.
Il est encore trop tôt pour dire si "Justified" vaut le détour. Le principe de la série est plus ou moins évident: il s'agit en gros de transposer un cowboy au 21ème siècle et de voir qui craquera en premier, lui ou le 21ème siècle. Elmore Leonard lui-même sert de consultant sur la série, ce qui ne sera pas du luxe puisque passé le premier épisode, il va bien évidemment falloir se passer de ses romans pour nourrir les intrigues des épisodes à venir. La série peut donc partir dans deux directions: soit elle arrive à coller à l'esprit de Leonard et, dans ce cas, il reste à espérér qu'il y ait suffisamment d'adeptes du style de l'écrivain pour que la série marche, soit elle s'en éloigne et arrive à trouver sa propre voix (en rajoutant par exemple, euh... un peu plus d'action? Par exemple?) mais là, ça passe ou ça casse.
Je ne serai, personnellement, pas contre un peu plus de piment mais le pilote que j'ai vu reste tout de même très prometteur. Surtout la scène finale durant laquelle Givens se demande s'il serait allé jusqu'au bout de son désir de tuer la crapule du début si ce dernier n'avait pas dégainé en premier. Givens avoue à son ex-femme qu'il ne s'est jamais considéré comme quelqu'un de particulièrement violent, ce sur quoi son ex lui répond calmement qu'il le cache très bien mais qu'il est "l'homme le plus en colère qu'elle ait jamais connu". Eh ben ça, je demande à voir...
Avec: Timothy Olyphant, Joelle Carter, Nick Searcy, Walton Goggins
FX, berceau de séries telles que "The Shield", "Nip/Tuck", "Damages" et "Sons of Anarchy", a accouché avant-hier de sa petite dernière. Produite par Graham Yost (qui bosse également sur "The Pacific" et qui a produit, par le passé, du bon comme "From the Earth to the Moon" et du moins bon comme "Boomtown"), "Justified" met en scène un personnage créé par Elmore Leonard. Si vous n'avez jamais lu de bouquins d'Elmore Leonard, vous en avez peut-être vu des adaptations: "Out of Sight" de Steven Soderbergh, "Get Shorty" de Barry Sonnenfeld, ou encore le "Jackie Brown" de Tarantino sont tous tirés de romans de Leonard. Et si vous avez vu les trois films sus-mentionnés, vous avez peut-être une idée de la "griffe" de cet écrivain. Leonard est surtout connu pour ses personnages cools (voir Travolta dans "Get Shorty") et ses dialogues acérés. Les histoires passent presque au second plan, au profit d'études de caractères de leurs protagonistes.
"Justified" honore la tradition en nous offrant en guise de héros une espèce de relique du Far West, incarné par un Timothy Olyphant qui n'a pas eu trop de mal à se glisser dans la peau du personnage puisque c'est lui qui jouait le rôle principal de "Deadwood".
Dans "Justified", Olyphant interprète Raylan Givens, un Marshall réassigné de Miami à son patelin d'enfance au Kentucky après avoir été un peu trop prompt à titiller la gachette de son flingue. La première affaire qu'il aura à gérer une fois de retour au pays sera de faire arrêter l'un de ses vieux amis qui a eu la truculente idée de devenir néo-nazi en grandissant.
Le pilote de "Justified" est directement adapté d'une nouvelle d'Elmore Leonard, "Fire in the Hole", et comme l'on pouvait s'y attendre, les ingrédients purement Leonardien sont au rendez-vous. Aucun mystère à élucider, pas de scènes d'action spectaculaires, à part une gentille petite fusillade, "Justified" privilégie plutôt les scènes de tension et son attrait réside presque exclusivement dans la confrontation des personnages.
J'ai toujours pensé que le casting était le "make or break" d'une série télé. Est-ce qu'une série comme "Columbo", par exemple, aurait eu une telle longévité sans la présence hyper attachante d'un gars comme Peter Falk? Les histoires sont toutes les mêmes (si), pourtant la série s'étale sur plus d'une vingtaine d'années (si, elles sont toutes les mêmes!) A l'inverse, une série comme "Brooklyn South" avait tout ce qui faut pour atteindre le rang d'un "NYPD Blue" ou d'un "Homicide", sauf... le casting, composé principalement de seconds couteaux insipides qui n'auraient jamais dû se taper des premiers rôles.
Pour "Justified" (oui, le paragraphe précédent n'était pas qu'une pure digression), Graham Yost a plutot assuré dans le choix de ses acteurs. Tim Olyphant a bienheureusement renoncé à nous refaire la pâlote imitation de Clint Eastwood dont il nous avait gratifié dans "Deadwood" et Walt Goggins s'amuse comme un dingue à accentuer les traits de péquenaud que l'on adorait détester dans son personnage de Shane Vendrell dans "The Shield". Les face-à-face entre les deux acteurs sont presque aussi jouissifs que ceux entre Travolta et Nic Cage dans "Face/Off", l'adrénaline en moins.
"Justified" joue également la carte du dépaysement mais de manière un peu détournée. Si vous regardez la série en V.O., rien que l'accent des personnages (Goggins évite de peu le cabotinage grâce à ses origines sudistes) vous fera plonger dans un bain de plouquerie typique de films comme "Mississippi Burning". Heureusement, ce n'est pas au principe éculé du "citadin dans la cambrousse" auquel on a droit ici. Raylan Givens a beau débarquer de Miami, c'est tout de même un enfant du pays qui s'y sent aussi à l'aise que Magnum à Hawaii, bien que certains démons (son père que l'on ne voit pas encore mais dont une scène montre très brièvement la haine qu'il engendre chez Givens, sa femme qui s'est remariée,...) l'ait empêché de vouloir revenir avant d'y être obligé professionnellement.
Il est encore trop tôt pour dire si "Justified" vaut le détour. Le principe de la série est plus ou moins évident: il s'agit en gros de transposer un cowboy au 21ème siècle et de voir qui craquera en premier, lui ou le 21ème siècle. Elmore Leonard lui-même sert de consultant sur la série, ce qui ne sera pas du luxe puisque passé le premier épisode, il va bien évidemment falloir se passer de ses romans pour nourrir les intrigues des épisodes à venir. La série peut donc partir dans deux directions: soit elle arrive à coller à l'esprit de Leonard et, dans ce cas, il reste à espérér qu'il y ait suffisamment d'adeptes du style de l'écrivain pour que la série marche, soit elle s'en éloigne et arrive à trouver sa propre voix (en rajoutant par exemple, euh... un peu plus d'action? Par exemple?) mais là, ça passe ou ça casse.
Je ne serai, personnellement, pas contre un peu plus de piment mais le pilote que j'ai vu reste tout de même très prometteur. Surtout la scène finale durant laquelle Givens se demande s'il serait allé jusqu'au bout de son désir de tuer la crapule du début si ce dernier n'avait pas dégainé en premier. Givens avoue à son ex-femme qu'il ne s'est jamais considéré comme quelqu'un de particulièrement violent, ce sur quoi son ex lui répond calmement qu'il le cache très bien mais qu'il est "l'homme le plus en colère qu'elle ait jamais connu". Eh ben ça, je demande à voir...